samedi 12 avril 2008



Projet narratif


Vendredi 11 avril 2008. Cinquième séance de l’atelier d’écriture. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans le vif du sujet si je puis dire : baliser le terrain pour la construction du livre que j’avais évoqué précédemment, à savoir « Le Roman de Charcot ». A cet effet, j’ai préparé une sorte de charte rédactionnelle ou charte littéraire à l’attention de mon groupe. Je la reproduis fidèlement ci-après.
Tout atelier suppose des « contraintes » qui ne sont que des consignes d’écriture. Les miennes, je les ai voulues les plus souples possibles, les moins « contraignantes ». Juste ce qu’il faut d’indications pour permettre à notre projet narratif d’éclore et de prendre forme dans les meilleures conditions.
A notre manière donc, nous tenons à rendre hommage à l’immeuble Charcot et à le raconter avec nos mots. Cela dit, « Le Roman de Charcot » est une anthologie de récits fictionnels, un recueil de nouvelles pour tout dire. Il se donnera en conséquence toutes les libertés qu’autorise la littérature. Au-delà du groupe qui participe régulièrement à cet atelier, et que je salue encore une fois pour sa pugnacité et sa foi dans la faisabilité de ce projet (je note avec joie, au passage, le beau retour de Fatima), d’autres plumes peuvent se joindre à nous via ce blog ou simplement en adhérant à cette aventure littéraire qu’est « Le Roman de Charcot ». Il leur suffit pour cela d’écrire. Juste d’écrire.
J’en arrive à présent à ces fameuses contraintes que j’ai consignées dans cette curieuse charte dont j’ai parlé tantôt. Comme je l’ai souligné avec insistance auprès de mon groupe, cela n’engage strictement à rien. Ce sont juste des balises, des indications dont chacun est libre de tenir ou de ne pas tenir compte, le principal étant, comme on dit, de PARTICIPER.


Charte narrative des nouvelles qui composeront
« Le Roman de Charcot »


« Comme je l’avais annoncé précédemment, le « clou » de notre atelier d’écriture sera ce livre collectif qui est « Le Roman de Charcot ». Il s’agira pour nous de nous inspirer de l’histoire de ce lieu, de sa vie et de sa mort pour construire à partir de ce matériau brut un récit fictionnel. Afin de mieux cerner cet « objet littéraire » que nous nous proposons de confectionner ensemble, il ne serait pas inutile de fixer quelques principes qui, sans se vouloir proprement « directifs », serviront de contraintes d’écriture. Ne le prenez pas comme une volonté d’encadrer votre imagination mais davantage comme un souci de baliser un peu le terrain de manière à aboutir à des textes proprement littéraires – malgré tout le vague qui entache cette épithète – en veillant à produire quelque chose de construit qui usât des ressorts de l’imaginaire et ses pouvoirs insoupçonnés plutôt que de se cantonner dans les limites d’un texte documentaire, de simple témoignage, ou dans la rhétorique discursive d’un texte d’opinion. Au reste, tout atelier d’écriture suppose un minimum de contraintes et celles que je vous propose, j’ai voulu qu’elles soient les plus légères possibles, les moins « autoritaires ». Pour tout dire, je suis animé, en fixant ce canevas narratif, par deux objectifs et seulement deux : nous engager dans un vrai travail de création littéraire et tenter une œuvre expérimentale avec toutes les approximations, les imperfections et aussi les libertés que cela induit ».
« Voici donc, en bref, les contraintes narratives que je suggère pour la composition du « Roman de Charcot ». Même si ça en a tout l’air, cela n’a rien d’un règlement militaire. Aussi, ceux qui ne se sentent pas dans ce panel de consignes peuvent joyeusement les transgresser sans encourir la moindre censure (c’est mon côté anarchiste qui parle) ».

I- Questions de forme :

1- « Le Roman de Charcot » n’est pas à proprement parler une œuvre romanesque. Ce n’est pas un roman collectif même si telle avait été mon ambition de départ. Il s’agit en réalité d’une anthologie de textes rassemblant les nouvelles écrites par les participants à l’atelier d’écriture que nous animons à Chenôve.
2- En l’occurrence, les textes qui seront produits au titre de ce recueil s’inscriront donc dans un genre littéraire bien précis qui est la nouvelle, c’est à dire un court récit de fiction.
3- Les nouvelles ne doivent pas être inférieures à 5 pages. Elles ne peuvent pas être trop longues non plus. L’idéal serait un texte compris entre 5 et 10 pages dactylographiées (on dit aujourd’hui saisies au micro).

II- Questions de trame :

1- Le thème central de chacune des nouvelles s’inspirera d’un événement particulier à savoir la disparition de l’immeuble Charcot.
2- Il s’agira donc de récits qui intègreront d’une manière ou d’une autre, fût-ce sur le mode fantastique ou merveilleux, des fragments de l’histoire de Charcot, de son vécu, de sa mémoire.
3- La trame du récit sera globalement libre. Néanmoins, quelques petites indications s’imposent :

a- L’un des personnages-clés de la nouvelle s’appellera S.A.J. de ses initiales. Pour moi, c’est Slimane Aimé Jobim. Il est franco-maghrébin. C’est un personnage emblématique de Charcot. Vous avez tout le loisir de lui changer de nom, mais en veillant à tenir compte de ces initiales. Le vieux S.A.J. est un peu le gardien ou la mémoire vivante de Charcot. C’est l’un des tous premiers locataires de l’immeuble.
b- Autre personnage-clé de la nouvelle : Le Cèdre. Il n’est pas interdit de l’affubler de qualités anthropomorphiques.
c- Chaque nouvelle confrontera quatre familles avec quatre destins différents qui, toutes, se retrouvèrent à Charcot. Par exemple une famille française, une portugaise, une maghrébine et une africaine ou d’Europe de l’est. On peut là aussi truffer la nouvelle de personnages qui, chacun, représentera une famille dans l’histoire que vous allez raconter.
d- Chaque nouvelle commencera par cet incipit : «C’était un jeudi, un givrant matin d’avril. Une terrible implosion gronda dans le ciel et, en un battement de cil, Charcot s’évanouit dans un nuage de poussière sous le regard embué de S.A.J. »
e- Chaque nouvelle se terminera par ces lignes : « Le Cèdre qui veille sur Charcot et qui veille sur le Temps déploya ses branches comme une tulipe qui éclôt, pour ouvrir ses larges bras erts au soleil. Et la lumière fut. »
f- A partir de ces phrases liminaires et finales, il ne vous reste plus qu’à prendre le chemin narratif qui convient le mieux à votre sensibilité. L’imagination de chacun oeuvrera pour remplir les blancs qu’il y a entre ces deux bornes. Ainsi, chacun racontera à sa manière cette part de Charcot qui s’éteint à l’intérieur de lui.


III)- Questions pratiques :

1- Vous pouvez d’ores et déjà commencer à travailler sur votre nouvelle. L’atelier d’écriture servira ainsi de cadre idoine pour échanger, construire votre trame et vos personnages, peaufiner votre texte, demander conseil, chercher soutien et émulation au sein du collectif tout en affûtant votre imagination propre.
2- Nous disposons chacun d’un délai de dix jours pour composer la nouvelle. Ce délai s’étend de la séance du 11 avril à la séance du 22 avril.
3- Une fois les nouvelles remises, nous nous attellerons à les rassembler au sein de notre recueil qui constituera ainsi « Le Roman de Charcot ». Avec votre permission, je m’autoriserai à revoir certains détails pour « fignoler », le cas échéant, certains textes.
4- Chaque auteur aura l’occasion de lire un extrait de son texte à l’occasion de la soirée finale qui clôturera cet atelier.
5- Les nouvelles seront publiées sur le blog http://benfodilchenove.blogspot.com/. Chacun des participants recevra un exemplaire de « Le Roman de Charcot » photocopié et relié. Une possibilité d’édition papier n’est pas à exclure.

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