lundi 14 avril 2008


Jour de marché


J’aime les marchés et le marché du dimanche de Chenôve vaut vraiment le détour. Moi qui affectionne les ambiances populaires, traîner dans les marchés a toujours été source d’agrément pour moi. Le marché du Mail se révèlera plus grand que je ne le pensais. Il s’étend pratiquement de la bibliothèque municipale aux frontières de l’immeuble Charcot. On y trouve de tout : fruits et légumes à des prix intéressants, vêtements, épices, vaisselle, images d’Epinal et autres objets de décoration. A quoi il me faudrait ajouter les fleuristes, les traiteurs et autres bonimenteurs dominicaux.
Le marché de Chenôve s’étale sur la bande frontalière pour ainsi dire qui sépare symboliquement le Vieux Bourg du Grand Mail. A ce titre, il se présente comme un espace de socialisation et un important lieu de métissage. De fait, on y trouve toutes les catégories sociales, faciales, professionnelles, de Chenôve, et même des chalands issus de l’agglomération dijonnaise.
Le marché déploie ses étals tout autour du centre commercial Saint-Exupéry qui prend, à l’occasion, des couleurs. Le bar SaintEx qui me fascine considérablement avec son atmosphère feutrée, avec ses Chibanis (littéralement : vieux patriarche dans le patois de l’ouest algérien ; immigrés maghrébins du troisième âge) qui viennent s’y retrouver, et qui me rappellent le personnage de Slimane dans La Graine et le Mulet de Abdellatif Kéchiche, gagne ce jour-là en effervescence et en intensité.
Dans toutes les villes où je partais en reportage, j’étais pressé de me plonger dans les marchés pour prendre le pouls du peuple, me frotter à sa culture, m’imprégner des couleurs locales et faire le plein de générosité populaire. En Irak, en pleine guerre, j’étais surpris de trouver les marchés de Bagdad pétillant de vie, perpétuant la vie avec courage et dignité.
Les marchés respirent le terroir, la vie des petites gens. C’est la revanche des petites bourses sur le diktat du pouvoir d’achat ; sur la loi du Capital et son insatiable voracité qui n’est même pas discount. Les marchés, c’est la foire aux tréteaux, la fête des camelots. Ils sont tout le contraire du Marché, au singulier, en Majuscule, avec un grand M, comme Mondialisation, comme oMc…

Mustapha Benfodil

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