jeudi 22 mai 2008


LA NOUVELLE DE HELEN RINDERKNECHT

Le bout de bois



C’était un jeudi, un froid matin d’avril. Une terrible implosion gronda dans le ciel et, en un battement de cil, Charcot s’évanouit dans un nuage de poussière sous le regard embué de S.A.J. Il se frotta les yeux persuadé que ce qu’il venait de voir n’était qu’une illusion…. Mais c’était faux. il avait enfin compris…

Nous n’étions pas devant un sinistre mais devant une renaissance. Tout avait commencé il y a 40 ans quand il était arrivé pour emménager dans cet immeuble propre convoitée par tout le monde, le gens avait enfin de l’eau courante, des toilettes des papiers peint propres, un sol, du chauffage, une aubaine pour lui qui venait de sa campagne profonde.

Il rêvait de grand air et la construction de l’immeuble de neuf étage lui avait donné plein d’espoir, les gens allaient pouvoir vivre dans un même endroit, se parler se soutenir, il allait pouvoir aller demander du sel à sa voisine Amina, boire un thé, manger un délicieux couscous et repartir, ils allaient pouvoir se soutenir.

Biensur les moments dur étaient aussi arrivés et quand il du accueillir son unique petit fils Amir après le décès de son fils et de sa belle-fille, il avait du relever ses manches de sa chemise, se montrer digne de son rang et lui apprendre les jolies choses de la vie mais aussi ses dures lois. Il lui avait préparer sa chambre au 4ième étage de la cage 4 une belle chambre de papier peint bleu avec des avions sur les murs, une table de nuit en forme de voiture, il s’était donné du mal pour accueillir Amir pour qu’il se sente bien, il avait économisé sur sa retraite maigre pour qu’il se sente lui aussi chez lui.
Amir était arrivé un matin de décembre, il ne parlait pas, il avait perdu le gout de parler au moment ou on était venu le chercher à l’école pour l’emmener dans une famille qu’il ne connaissait même pas et pour lui dire que son papa et sa maman ne reviendrait pas du travail, il étaient partis au ciel.
Mais SAJ avait tout prévu il était venu le chercher en vélo avec un joli porte bagage bleu et lui avait dis : « viens mon fils, je vais t’emmener dans un endroit ou tu auras des tas d’amis tu pourras jouer et jamais tu ne te sentiras perdu ».

Et c’était vrai la première sensation de SAJ à son arrivé au pied de Charcot était paisible, comme un rève qui se réalisait et une nouvelle vie qui commençait. Madame de Souza lui avait apporté ses fameux macaronis et Betina, de la famille hongroise du 6 ième, lui avait préparer des guirlandes de fleurs comme s’il était arrivé pour des vacances. C’était ce frisson de douceur qu’il avait voulu redonner a son petit fils.
Quand Amir est arrivé au pied de l’immeuble, devant la cage 4, il s’est arrêté et a regardé longuement le centre commercial, et puis il a lâché la main de son grand père et est allé doucement , pas à pas, se coller à un emblème du quartier, le grand cèdre au pied de l’immeuble qui était pour lui le seul être rassurant dans ce nouveau monde inconnu.
Il était grand, fort, ses grand bras l’enveloppait, rassurant ils allaient se lier bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer à cet instant même.

Même s’il n’était plus que trois appartement occupé de l’immeuble avant sa démolition il se sentait chez lui mais le temps était compté, la déconstruction comme il savait le dire, était prévue dans quelque mois…il n’allait donc pas rester longtemps mais SAJ tenais a être le dernier a partir d’ici.
Arrivé dans l’appartement, tout était identique au souvenir de SAJ, madame de Souza et ses macaronis bien plus consistants qu’a l’époque, avec plus de gruyère plus de crème et de viande… les temps changent et c’était tant mieux.
Betina, elle aussi était au rendez-vous, elle aurait manqué cela pour rien au monde un nouvelle arrivant, une nouvelle jeunesse un bol d’air frais. Elle avait remplacé les fleurs par des bonbons pour qu’Amir puisse profités pleinement de la guirlande et la savourer en découvrant petit à petit les nouvelles pièces qui allaient devenir sa nouvelle maison.

La chambre apprivoisée, il alla jusque sur le balcon pour voir comment la ville se dessinait sous ses yeux, pas de métro comme chez lui, pas de périphérique mais beaucoup d’enfant qui jouaient dans le parc en bas des immeubles, le bruit de bus dans la rue, le monsieur qui se promène avec sa veste jaune fluo pour ramasser les papiers par terre, et puis ce cèdre encore la, il esquissa un petit sourire pour lui dire merci. Il tourna la tête et son grand père était derrière lui avec les mains dans le dos. « Tiens mon petit, c’est un cadeau de bienvenue, il était dans l’appartement à mon arrivée dans un coin de ta chambre, et je pense donc qu’il te revient de droit, moi je ne dors même plus dans cette chambre et puis il te serra bien plus utile qua moi.
Le grand père tenait dans ses mains, un……disons le un vieux morceau de bois qui ressemblait à un bonhomme, de la ficelle tenait ses bras et ses jambes, la jambe gauche était bien plus grande que l’autre, sûrement cassé avec le temps, mais ce bout de bois était quand même bien fait, un bouchon a la place de la tête avec des yeux dessinée au feutre et une bouche souriante et des petit pied en bouchon de bouteilles d’eau, de la ficelle n guise de cheveux, il avait tenu avec toutes ces années pensa Amir…. Quel drôle de bonhomme.

Amir regarda son grand père comme pour lui dire : « mais Papy, je suis un garçon je suis même un gadji comme mes potes m’appelait et ces bêtises, ce n’est plus de mon age… ».
SAJ avait bien vu la mine décontenancé d’Amir et rajouta « mon petit, prend bien soin de lui, ce vieux bonhomme est certes un peu usé, certes tu n’es plus un petit garçon mais il sera la pour veiller sur toi, on m’a même dit qu’il avait des pouvoirs magiques….foi de Papy SAJ »
« Mais oui c’est ca c’est ca ….. » pensa Amir, il se dit que le vieil homme faisait son possible pour lui rendre la vie plus facile et accepta le cadeau sans vraiment l’écouter, il préféra prendre ses marques dans sa nouvelle chambre avec sa musique, et son mp3 sur les oreilles. Il posa le bonhomme dans sa valise ouverte, et lui souris ironiquement.
Le « bout de truc » tomba lourdement dans la valise sa tête penchée vers la fenêtre.

Le soir venu, Amir ouvrit les yeux pendant la nuit le sommeil était long a venir et il ne se sentait pas chez lui, les bruits du périphérique lui manquaient, ils avaient certes entendu des jeunes rouler en moto dans les rues mais pour lui ne n’était qu’un partie de ses bruits habituels. il prit soin de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller son grand père.

Les yeux ouverts il se disait que les voitures sur les murs c’était vraiment un peu trop et qu’il allait avoir la honte si ses nouveaux amis venaient chez lui…
« Mais non ne t’inquiète pas ! Les avions, c’est joli et puis je le sais moi, ton futur copain Mustapha, a quant à lui des petits nuages car il a hérité de la chambre de sa sœur. Tu verras en arrivant dans sa chambre, il se confondra en des chuis désolée chuis désolé, vraiment » de peur que tu ne le répète à tout le monde. »
Les yeux écarquillés, Amir regardait droit devant lui en cherchant dans la nuit…
- Amir pensa …mais mais euh, vas-y qui parle ?
- - et bien, mon cher ami….
Il ne peux pas me parler pensa Amir….tu ne peux pas parler……. Il entendit le crissement de la ficelle serrée et d’un instinct marqué, Amir se leva et suivit le bruit comme hapé par un appel au creux de son estomac qui le guidait… en un instant il se retrouva devant l’ascenseur et de l’ascenseur devant la porte d’entrée, le bruit indécent de la ficelle le guidait encore et il sortit dehors pour le suivre…..
Arrivé dehors il leva les yeux il se trouvait devant le cèdre, ce grand bonhomme de bois (décidemment encore du bois……) se tenait devant lui et devant le cèdre le petit bonhomme.

- écoute mon petit Amir tu es mon nouveau macaroni au fromage, ma nouvelle guirlande de bonbon, mon nouvel appartement mon hôte quoi… regarde le cèdre et touche le…
Amir s’exécuta il posa la main sur la cèdre, rassurant comme au matin de son arrivée et en un claquement de doigt le sol l’engloutit et ses pieds s’enfonça dans le sol, un ascendeur mais celui la il n’en avait jamais vu des comme ca…. Un voix annonça vous étés arrivée au poste de contrôle cher Amir bonjour salamalikoum, bienvenito, buenos dias ,

Yahhaaaaaaa c’est trop la class hein ! « le petit bonhomme surgit en sautant devant la porte qui venait de s’ouvrir !!
Yo mec !! ca c de la bombe atomique !! et puis je suis deja la, un pro de la descente le bout de bois !!

Amir n’en croyait pas ses yeux mais sentait que le monde était différent à présent, il venait de passer de l’autre coté du cèdre… de la bombe atomique le bout de bois !!
Il s’avança doucement, une musique de snoop Dog marchait en ambiance, ouah il connaît snoop dog le truc…
Il était dans une salle des machines, une salle de conte, des postes de contrôle, avec des tv, des écrans lcd des micros partout, au milieu il y avait un siège rouge en velours façon années 70 mais avec beaucoup moins de classe tout de même sûrement un truc récupérer chez emmaus.
Le bout de bois venait de l’étonner mais il avait de drôle de gout pour la déco.

Il avait deja vu des salles comme ca quand il avait visité le métro parisien en CM2 mais la, avec snoop dog en fond, jamais de la vie !! et puis un ciel étoilé venait se placer au dessus de sa tête, une salle de contrôle en plein air mais enterrée….il n’en revenait pas…
Il remarqua une grosse molette sur le coté juché sur un socle et un énorme lecteur mp3 a coté… d’où sortait la musique.

- A ma droite tu vois les écrans sur Peguy enfin ce qu’il en reste j’ai encore un peu de travail mais j’avais mis un stagiaire sur le coup et c’est vrai il n’a pas assuré. Il ne reste malheureusement que les poussières d’étoiles à gérer mais Peguy est un gentil garçon il va déménager bientôt pour de vrai.
-
Le petit bonhomme sauta sur le fauteuil en velours et tourna comme s’il venait s’amuser sur un cheval d’enfant dans un jardin.
Yahhaaaaaaa !! tu vois ici c’est ton immeuble. »

Sur une dizaine d’écran on pouvait voir les appartements des dernières familles encore la, les cuisine, les salons, les couloirs grâce aux caméras de surveillance, mises en place bien avant que les humains l’ai envisagé.

« Silence, on tourne !!!!!!! » s’ecria-t-il !!.
Les deux individus se turent et un bruit de casserole se fit entendre :
Regarde ce sont les premiers demolitator* qui viennent prendre les marques, l’immeuble va être démoli dans quelque mois et je pense qu’ils doivent commencer les travaux…
les démolatators démontèrent une porte d’un appartement inoccupé, pour y entrer…

yahhaaaaaa !!! d’un cri le petit bonhomme sautilla et cligna de l’œil

« Monsieur Gaudin, la porte !! Elle vient de réapparaitre devant nous, monsieur gaudin, monsieur Gaudin nous ne pouvons plus rentrer »

« mais….. mais…. Comment ? » pensa Amir
-regarde ce n’est pas fini mon ami….

Les démolitators se retrouvèrent dans l’ascenseur et une voix douce leur annonce :
« messieurs vous êtes arrivés au rez-de chaussé, veuillez sortir de l’immeuble sil vous plait ! salamalikoum, auviedersehen, ciao bye !

*demolitator nom donnés par le bonhomme de bois pour désigner les professionnels du bâtiment architecte et autres démolisseurs prévus pour la déconstruction de l’immeuble.


- L’autre jour il on voulu arracher du papier peint dans l’ancien appartement de la famille Bilal et bien j’ai repapieté le mur d’un clin d’œil, avec les nuages de Mustapha, c’était drole ca alors !!! sur le derrière ils étaient… oui ils sont vraiment tombés sur le derrière….
Amir, vient avec moi…

Amir suivit le bonhomme de bois jusque devant une porte au fond de la salle des contes, une porte de couleur jaune apaisante et douce, il ouvrit la porte et Amir émerveillé découvris un nouveau monde…. cette porte ouvrait sur un univers étrange avec un horizon vaste et on pouvait y voir des immeubles, sautillants, ils bougeaient comme de vraies personnes, ils volaient, jouaient au carte construisait des maisons et même des immeubles, des immeubles pour les immeubles.

Amir avait ouvert les yeux sur …….. le paradis des immeubles.

Mais… comment… c’est possible ?

- et bien tu vois ma mission ici, c’être d’être un reconstructeur de déconstruction

Amir ne compris pas sur le moment mais le petit bonhomme ferma la porte et l’emmena près de la grosse molette…

- Tu vois ca et bien, les démolitator pensent qu’ils ont le pouvoir, les petit tours que je joue c’est pour leur montrer que nous ne sommes pas que de la matière nous avons aussi des vies, par exemple j’ai aidé madame Betina a trouvé un travail de concierge dans l’immeuble, sinon elle allait devoir partir d’ici et il en était hors de question. Et puis l’appartement était tombé en dépression depuis le départ de l’ancien concierge alors il m’a demandé de trouver une solution, le pauvre il était triste a nous faire un dégât des eaux, j’ai du agir.

Amir mon cher ami, le pays des immeubles est comme une nouvelle vie pour eux, ils peuvent enfin, partir léger, les locataires, sont relogés dans des endroits bien plus agréables et puis vogue la modernité après tout moi je redonne la vie, et toi tu es mon macaroni au fromage !!!

- Yahaaaaaaaaaaa, le bout de bois sauta sur le fauteuil et prit Amir par la main, et d’un cou d’un seul l’ascenseur avec la musique d’ambiance, les enveloppaient.
- Vous êtes arrivé à la surface chers amis, bonne journée, aubregado, ciao asta vista baby……
Ils se retrouvèrent a la surface au pied du cèdre un peu abasourdis par toutes ces nouvelle d’un coup tombés sur la tête d’Amir….

Amir amusé se retourna vers le cèdre et pensa d’un ton un peu grave comme sharzenegger dans terminator………. « i’ll be back » !!

Un clin d’oeil et, Amir et le bout de bois, se trouvèrent de nouveau dans la chambre pleine d’avion…
- Je comprends les avions bout de bois, un nouveau monde il aura bientôt des ailes.

- Oui et toi mon petit Amir tu vas devoir accompagner ton grand père dans ce moment tu sais il est arrivé avec plein de joie plein d’espoir et aujourd’hui il va devoir partir il va voir sa maison devenir poussière

-mais on pourrait lui montrer ?

non il ne peut pas savoir, sinon laisse tomber je vais être overbooké les journalistes les télévisions puis il ne pourraient pas comprendre, nous ne sommes que des objets pour lui tu sais les regles sont bien strictes, je choisis une personne pour lui expliquer tout cela, toi tu vas le garder au fond de ton cœur, tu ne t’en souviendra pas après mais tu pourras ressentir les sentiments de ton grand père tu pourras connaître ses joies, moi je ne fais que remettre en état l’immeuble avant son départ, j’essaie de lui redonner une jolie robe, et quand ca fait boum !!!!!!!!!!!!!!! il s’enfonce sous le cèdre et part derrière la porte jaune. il aura comme ca , une nouvelle vie, sa vie d’immeuble quoi!!!!
et tout le patacaisse des démolitators, c’est pour faire bien !!! Il se la joue grave eux !!!


Amir repris sa journée du lendemain en pensant a cette nuit un peu farfelue… mais en se disant que son grand père avait du passer des années magnifique entourée de gens affectueux et qu’il avait eu beaucoup de chance.
Au petit matin il arriva vers Saj et lui assignat un bisous!!! Comme jamais il n’avait pu lui montrer.

-Foi de papy saj ca me fais plaisir…..

il avait lui aussi vu des phénomènes étranges mais il ressentait les choses sans vraiment pouvoir les expliquer…

Le jour du badaboum arriva et Amir n’avait jamais revu le bonhomme de bois ils avaient démanger un mois après cette nuit si inattendue, Amir avait bien entendu que les démolitator avaient eu du mal a se frayer un chemin dans les couloirs, que plusieurs événements avaient retardé la démolition mais jamais de signe du petit bonhomme de bois, jamais un bruit de ficelle depuis cette nuit comme s’il avait finis sa mission…. Mais Amir savait qu’il ne serait pas loin au moins pour veiller sur son QG.


BADABOUMMMMMMMMM
Une petite fille poussa un cri et se blottit dans les bras de sa maman. Un vieil homme laissa tomber une larme pendant qu’un homme brayait pour se donner un peu de constance, comme s’il avait eu envie d’exorciser sa peine, face à cet événement qui prenait l’attention de tous les cheneveliers. Ou peut-être voulait-il simplement avoir son moment de gloire lui aussi…

Et le reste de la population applaudissait comme un nouveau souffle qui venait de s’immiscer dans leur cœur et leurs poumons des alvéoles plus claires plus moderne plus sereines.
Parmi toute cette foule, SAJ les yeux levé dans le vague avait été frappé de plein fouet comme un zoom sur l’histoire un flashback, un moment ou son cœur s’était arrêté de battre il prit la main d’Amir et la serra très fort.

Pour la première fois Amir parla et dit a son grand père :
« SAJ PAPY, Le Cèdre qui veille sur Charcot et qui veille sur le Temps déploie ses branches comme une tulipe qui éclore, pour ouvrir ses larges bras verts au soleil »
Et la lumière fut.

Asta la vista ciao bye…… yahaaaaaaaaaaaaaaaaa

Helen RINDERKNECHT

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