samedi 29 mars 2008


L’atelier d’écriture : « Médias Fictions »

Jeudi 27 mars. Aujourd’hui a eu lieu la première séance de l’atelier d’écriture que j’ai mis en place dans le cadre de ma résidence littéraire à Chenôve. J’ai eu droit à un groupe inaugural d’une quinzaine de personnes réunis autour des charmantes tables de la Section Jeunesse au du 1er étage de la Bibliothèque municipale. J’avoue que ce premier nombre de volontaires dépassait mes espérances. J’ai même eu droit à deux petites princesses, Yasmine et Inès, qui veulent s’escrimer avec les mots pour faire des contes joyeux.

En faisant le tour de table pour que chacun puisse se présenter, je fus ému plus d’une fois d’entendre tous ces écrivains en herbe ou en gestation, se livrer, se raconter, bref, faire œuvre de littérature dans ce que cela a de plus brut et de plus vrai. Cela me fait penser à ce mot de Azzedine, l’informaticien lumineux de la Bibliothèque François Mitterrand lorsqu’il dit : « C’est plus qu’un atelier d’écriture : c’est un atelier de la vie. Ça transpire la vie ! »

J’ai élaboré un document de base à l’attention de toutes celles et de tous ceux qui seraient intéressés par cette aventure. Je me permets ici de le reproduire pour que les intéressé (e) s puissent avoir une idée de ce qu’est un atelier d’écriture, et, surtout, pour savoir ce que l’on va exactement entreprendre au fil de ces huit séances que j’ai regroupées sous le thème générique de « Médias fictions ». J’ai esquissé également un programme en précisant les dates de chaque séance afin que les gens prennent leurs dispositions s’ils désirent y participer. A la fin de cet argumentaire, je fournis deux exemples d’exercices pratiques pour donner une image plus précise de la manière dont nous allons appréhender les mystères de l’écriture par le biais de cet atelier.

Présentation générale :

Dans le cadre de ma résidence littéraire dans la ville de Chenôve, je vais m’employer, entre autres activités, à animer un atelier d’écriture intitulé « Médias Fictions ». De quoi s’agit-il ? Etant à la fois auteur et reporter, j’ai toujours été tiraillé par ces deux univers que sont la littérature et le journalisme, au point que cela frisait parfois la schizophrénie. Aussi, avec vous, grâce à vous, je souhaiterais questionner ces deux modes d’expressions, le discours littéraire et le discours médiatique, et disséquer leurs rhétoriques respectives.

Plus concrètement, et comme son nom le suggère, l’objet de cet atelier sera de déconstruire le Réel tel qu’il nous est restitué par les médias et le traiter autrement. Il s’agit, pour aller vite, d’opérer un détournement du matériau médiatique pour en tirer une matière littéraire. Le fait est que la presse, les journaux, foisonnent d’un nombre incalculable de sujets, d’informations, à propos de tout et de rien, et cela nous est jeté à la figure à une vitesse frénétique sans que nous ayons le temps de digérer cette quantité astronomique de stimuli. Il est davantage question d’interroger cette fine pellicule de réalité que l’on appelle « l’actualité ». Sur un autre plan, purement littéraire cette fois, il sera question de puiser dans l’immense réservoir d’histoires que charrient les medias en vue de « vampiriser » le Réel pour le « sublimer ».

Le matériau médiatique me paraît un corpus idoine, en l’occurrence, pour avoir une photographie instantanée de notre monde. C’est en quelque sorte le Réel à l’état brut, tel qu’il se manifeste dans sa version la plus immédiate. Nous verrons que la littérature est un excellent outil pour le transgresser, le transfigurer, le transcender et le subvertir, pas pour le rendre plus moche ni plus tendre, mais simplement pour le dire autrement, avec un zeste de poésie. Ce sera un bel exercice en tout cas pour se familiariser avec la langue, « les langues » de la presse, un bel exercice de style aussi, au regard de la profusion de styles qui composent les articles de presse, une opportunité intéressante pour nous initier aux mots et à leurs subtilités, apprendre à les taquiner, à les triturer, leur tordre le cou. C’est aussi une pédagogie ludique pour jouer avec les récits journalistiques et se jouer d’eux, présenter autrement le JT, en multipliant tous les écarts possibles, et toutes les transgressions, par rapport aux codes hiératiques de PPDA et consorts. Nous serons à notre manière des « guignols de l’info » avant de devenir, je l’espère, de bons auteurs de fiction. Nous verrons que, très souvent, la fiction dit mieux que tout nos « informations » les plus inavouées car, cette sorte d’informations, elles ont à voir avec l’inconscient, avec le tabou et le non-dit.

Nous verrons que la littérature, c’est le reportage de l’intériorité, la chronique de l’intime.

Esquisse d’un programme :

A partir de cet argument général, on peut esquisser un programme qui s’articulera donc autour de la transfiguration du matériau médiatique. Les contenus des séances vont ainsi s’alimenter de ces « fragments de Réel » que sont les coupures de presse qui seront, pour la circonstance, notre principal matériel de travail. Si les premières séances consisteront essentiellement à se familiariser avec les arcanes de la littérature par le biais du journalisme, l’objectif final, autant le dire tout de suite, serait idéalement de composer carrément, ensemble, un texte collectif.

De fait, il me semble qu’au-delà des exercices « ludico-scolaires » qui visent à prendre possession de l’art littéraire, la meilleure façon de s’initier à l’écriture, c’est…d’écrire, tout simplement. Et comme nous sommes censés travailler en atelier, donc, en groupe, l’idéal serait que nous puissions fédérer nos imaginaires et nos sensibilités autour d’un projet audacieux, en d’autres termes un vrai livre.

D’un autre côté, il se trouve que la ville de Chenôve est le lieu de ma résidence et le terrain privilégié de mon intervention. Je pense plus concrètement au quartier du Grand Ensemble. Partant de là, il m’a semblé judicieux de se pencher sur un symbole fort de ce quartier qui pourrait constituer un moteur à prose, un déclencheur de quelque chose. Ce symbole, cette métaphore, je les ai trouvés dès mon arrivée : je songe à l’immeuble Charcot qui va disparaître le 17 avril prochain.

Dès lors, mon projet était tout trouvé : écrire sur Charcot, cette métaphore en béton (au propre comme au figuré), symbole du destin de Chenôve, ville dortoir à ses débuts après avoir été le paisible village viticole de naguère, et qui, aujourd’hui, fait à nouveau sa mue, en laissant quelques lambeaux de vie dans le broyeur du temps.

Ce livre collectif dont je vous parlais à l’instant avait pour moi d’emblée un titre : Le Roman de Charcot. Je vous invite instamment à y apposer tous votre griffe.

Je ne voudrais pas en dire davantage pour l’instant. Je parlais d’un roman collectif, alors, il serait pour le moins malvenu de s’avancer sur quelque chose que nous sommes censés discuter ensemble.

Ce sera précisément le cœur même de cet atelier.

Thèmes et contenus des séances :

Séance du jeudi 27 mars 2008 :

- Prise de contact, tour de table. Chacun se présente en quelques mots.

- Introduction générale à l’atelier « Médias Fictions ». Petit exposé théorique sur la littérature et le journalisme. Le « style » littéraire et le « style » journalistique. L’information/la narration/les genres/ littéraires et journalistiques. Approche comparative.

- Qui pille qui ? La littérature, reportage de l’Absolu ? Le journalisme, récits de vie sans lyrisme ?

- Premiers exercices de style (voir volet pratique). Il serait peut-être intéressant de se partager en groupes de trois personnes pour effectuer ensemble les exercices.

Séance du mardi 1er avril 2008 :

- Séance spéciale expo « Ligne de Mire » qui nous offre un excellent matériau de la vie quotidienne à Chenôve.

- Il s’agira dans un premier temps de « regarder » ensemble l’œuvre de Fred Gagné et Hervé Scavone et de lister tous les mots que ces toiles nous inspirent. Initiation à l’écriture automatique.

Séance du vendredi 4 avril 2008 :

- Lecture des textes inspirés de l’expo « Ligne de Mire ».

- Exercices de style (suite) à base de coupures de journaux.

- Travail sur le portrait de feue Chantale Sébire.

- Analyse d’autres sujets colportés par les journaux, selon le choix des participants.

Séance du mardi 8 avril 2008 :

- Les Guignols de l’Info : un bon exemple de transgression.

- On visionnera ensemble des bouts de JT de PPDA sur TF1 et on le comparera avec le traitement de son alter ego en latex PPD dans les Guignols de l’info.

- Analyse de la presse satirique : Le Canard Enchaîné, Charlie Hebdo.

- Parodie d’un JT complètement désopilant, avec des adjectifs, de l’empathie, du pathos (tout ce qui est « prohibé » dans le journalisme orthodoxe).

Séance du vendredi 11 avril 2008 :

- Visionner ensemble le film « Chenôve Change » de Jean-Marc Bordet consacré à la démolition de l’immeuble Charles Péguy.

- Débat et commentaires autour du film suivi de brainstorming pour anticiper sur l’écriture du « Roman de Charcot ».

- Construire ensemble la trame et les personnages de façon à avoir la charpente du récit.

- Parallèlement au travail romanesque, chacun des participants songera à des détails sur l’immeuble Charcot. Recueillir dans un premier temps, sur le mode du reportage, le matériau sur lequel on va travailler en utilisant les techniques d’investigation journalistique apprises en atelier.

Séance du mardi 15 avril 2008 :

- Brainstorming général autour de l’immeuble Charcot avant sa démolition. Construction de l’intrigue.

- Quelques consignes générales d’écriture. Il s’agira probablement d’une petite nouvelle que chacun (ou par groupe) écrira dans son style et selon le genre qui lui convient (fantastique, réaliste, sketch, science-fiction, gore…).

Séance du vendredi 18 avril 2008 :

- On visionnera ensemble la démolition filmée de l’immeuble Charcot tombé la veille. Débat.

- Travail affiné sur les premières ébauches de textes.

- Les participants à l’atelier sont tenus de fournir leurs textes dans les trois jours qui suivent.

Séance du mardi 22 avril 2008 :

- Examen, un à un, des textes écrits.

- Une fois corrigés et mis en forme, l’ensemble des textes constitueront Le Roman de Charcot.

- Répétition générale avant la grande soirée littéraire où les textes seront lus devant le public.

VOLET PRATIQUE : QUELQUES EXERCICES DE STYLE :

DETOURNEMENT DE « UNE » :

C’est un exercice qui consiste à s’amuser avec la titraille des journaux, qu’il s’agisse de la « Une » ou des pages intérieures. Il s’agit dans un premier temps d’assembler ces manchettes sans forcément produire du sens, avec juste ce qu’il faut d’intervention syntaxique ou grammaticale. C’est un montage à l’évidence irrationnel, juste pour rire, comme pour souligner l’absurdité du monde dans lequel nous vivons. Dans une deuxième mouture, le challenge, c’est de parvenir à construire un récit cohérent à partir de sujets qui n’ont aucun lien entre eux en apparence, et ce, en y ajoutant des syntagmes soigneusement choisis pour assurer un enchaînement intelligent entre les sujets annoncés.

Exemple : cette « une » du journal Le Monde daté du jeudi 13 mars 2008

Principaux titres déclinés en première page :

- « Municipales : l’affrontement droite-gauche prend le dessus »

- « Agrocarburants : une fausse bonne idée ?

- « Les marchés saluent l’action concertée de la Fed et de la BCE. »

- « Une femme réclame le droit de mourir ».

- « Histoire et légendes de Babylone, cité du vice, du luxe et de l’exil »

- « Les Chinois font du ski. »

- « Maghreb : Al Qaida contre les touristes. »

- « Femme de science : Elizabeth Blackburn. »

- « Débats : Pour le don d’organes »

- Pub : L’excellence du voyage sur-mesure : Cie des Etats-Unis et du Canada »

Mis « mécaniquement » bout à bout, avec une intervention minimale, cela donne le récit abscons que voici :

« Aux Municipales, l’affrontement droite-gauche prend le dessus sur les agrocarburants. Une fausse bonne idée ? Les marchés, eux, saluent l’action concertée de la Fed et de la BCE d’une femme qui réclame le droit de mourir. Sacrées histoire et légendes de Babylone, cité du vice, du luxe et de l’exil qui pousse les Chinois à faire du ski pendant qu’au Maghreb, Al Qaida fait la chasse aux touristes parmi lesquels une femme de science : Elizabeth Blackburn. En parlant de science, débat : vous êtes pour ou contre le don d’organes ? Ah l’excellence d’un voyage sur-mesure en compagnie des Etats-Unis et du Canada ! »

Une mouture « raisonnée » donnerait le récit un tant soit peu cohérent que voici :

« Ça chauffe, ma parole, aux municipales ! L’affrontement droite-gauche a pris le dessus sur tout le reste pendant qu’une pauvre femme réclame le droit de mourir dans l’indifférence des Chinois qui font du ski dans le dos du Maghreb où Al Qaida mène une guerre sans merci contre les touristes. Une femme supplie la mort, oui messieurs dames ! Une bonne idée ? Une fausse bonne idée ? Une autre femme – qui a peut-être une autre solution - est portée au pinacle dans le monde scientifique : Elizabeth Blackburn. En parlant de science, je pense à la dernière invention en date : les agrocarburants, de l’essence bio, vous savez ? Je m’imagine faire le plein avec du jus de carottes… « 20 litres d’endives sans plomb s’il vous plaît ! » En tout cas, les marchés saluent l’action, de concert avec la Fed et la BCE, tandis qu’un autre débat fait rage à propos du don d’organes. Ah, si je pouvais plaquer tout ça et me payer un bon voyage sur-mesure. On fait une bonne promo en ce moment autour de la destination US, la Babylone moderne, la nouvelle cité du vice. Un luxe que je ne peux me permettre hélas ! Je ne perds rien, de toute façon. Je ne vais quand même pas payer une fortune pour me farcir les « busheries » de Mister George ! Et puis, c’est trop loin, les States ! J’ai un frère qui habite au Canada. C’est le bout du monde. Ça pue l’exil… »

EXERCICE DE MONTAGE :

Principe : Prendre des fragments de journaux, avec des infos en tout genre (actualité politique, économique, sportive, météo, programmes télé, people, horoscope, jeux), mélanger le tout et tirer au hasard des bribes d’articles. Tenter à partir de ces fragments de constituer un texte, pas forcément cohérent. Comme dans l’exercice précédent, il serait utile de mettre dans un premier temps les fragments de papiers bouts à bout de sorte à aboutir à un texte totalement incohérent et irrationnel. Dans un deuxième temps, nous nous évertuerons à recoller tous ces bouts de Réel éparpillés de façon à construire un récit qui, au final, se révèle fictif quand bien aurait-il un sens.

Je tire au hasard cinq fragments de journaux. Voyons ce que j’ai cueilli :

1er fragment : « Dans cette expédition en solitaire de cinq mois, avec mes dromadaires, j’ai mis au point une technique, celle de me déshydrater complètement le jour pour ne boire que le soir et la nuit. Ainsi, l’eau ne sert qu’à ma physiologie et non à la thermorégulation de mon corps. » Il s’agit d’une première dans l’expérimentation médicale humaine. Contraint d’abandonner, Régis Belleville en garde un certain regret mais s’est promis de retenter l’exploit, « marcher 4000 km et ne pas arriver au bout est toujours frustrant. J’ai besoin de passer du temps dans le désert. C’est un équilibre pour moi. » Sa Maxime : Quand le rêve n’est plus qu’un souvenir, une maxime que l’on pourrait ainsi adapter pour lui : Quand le point d’eau est atteint ».

2ème fragment : « Pour le droit de vote des étrangers hors UE, j’y suis favorable s’ils demandent la nationalité française. »

3ème fragment : « Après une matinée froide et ensoleillée, le ciel se couvre dans le courant de l’après-midi. Vent de nord à nord-est modéré. »

4ème fragment : « Le Solitaire du Sahara »

5ème fragment : « Connectez-vous ! »

6ème fragment : « Une conférence de presse contre le commerce de la fourrure (avec la photo de Pamela Anderson) Brigitte Bardot était restée chez elle, à Saint-Tropez, mais les deux femmes ses ont entretenues au téléphone. Après la courte diffusion d’un reportage qui lui a mis les larmes aux yeux lors de la conférence, l’actrice s’est confiée aux caméras de « 30 millions d’amis » en tête à tête, sur son engagement bénévole. La séquence sera diffusée dans le magazine des animaux sur France 3, dimanche à 12h50. »

Premier montage : (mécanique, en respectant l’ordre des papiers tirés).

« Dans cette expédition en solitaire de cinq mois, avec mes dromadaires, j’ai mis au point une technique, celle de me déshydrater complètement le jour pour ne boire que le soir et la nuit. Ainsi, l’eau ne sert qu’à ma physiologie et non à la thermorégulation de mon corps. » Il s’agit d’une première dans l’expérimentation médicale humaine. Contraint d’abandonner, Régis Belleville en garde un certain regret mais s’est promis de retenter l’exploit, « marcher 4000 km et ne pas arriver au bout est toujours frustrant. J’ai besoin de passer du temps dans le désert. C’est un équilibre pour moi. » Sa Maxime : Quand le rêve n’est plus qu’un souvenir, une maxime que l’on pourrait ainsi adapter pour lui : Quand le point d’eau est atteint. « Pour le droit de vote des étrangers hors UE, j’y suis favorable s’ils demandent la nationalité française » dit-il après une matinée froide et ensoleillée. Le ciel se couvre dans le courant de l’après-midi. Vent de nord à nord-est modéré au grand bonheur du Solitaire du Sahara qui s’écrie : Connectez-vous sur Pamela Anderson qui animait une conférence de presse contre le commerce de la fourrure. Brigitte Bardot était restée chez elle, à Saint-Tropez, mais les deux femmes ses ont entretenues au téléphone. Après la courte diffusion d’un reportage qui lui a mis les larmes aux yeux lors de la conférence, l’actrice s’est confiée aux caméras de « 30 millions d’amis » en tête à tête, sur son engagement bénévole. La séquence sera diffusée dans le magazine des animaux sur France 3, dimanche à 12h50. »

Deuxième montage : recherche de liens entre les différents fragments en choisissant les bonnes articulations sans forcément tenir compte de l’ordre dans lequel les bouts de papier ont été tirés. Dans cette mouture, l’intervention de la fiction reste limitée. Il s’agit de construire un récit cohérent à partir des fragments tels qu’ils nous sont présentés.

« Dans cette expédition en solitaire de cinq mois, avec mes dromadaires, j’ai mis au point une technique, celle de me déshydrater complètement le jour pour ne boire que le soir et la nuit. Ainsi, l’eau ne sert qu’à ma physiologie et non à la thermorégulation de mon corps. » dit Régis. Il s’agit d’une première dans l’expérimentation médicale humaine. Contraint d’abandonner, Régis Belleville en garde un certain regret mais s’est promis de retenter l’exploit. « Marcher 4000 km et ne pas arriver au bout est toujours frustrant. J’ai besoin de passer du temps dans le désert. C’est un équilibre pour moi » poursuit-il. Sa maxime : « Quand le rêve n’est plus qu’un souvenir », une maxime que l’on pourrait ainsi adapter pour lui : « Quand le point d’eau est atteint ».

Après une matinée froide et ensoleillée, le ciel se couvre dans le courant de l’après-midi. Vent de nord à nord-est modéré. Le Solitaire du Sahara se dit « Connectez-vous » en songeant à tous ces peuples du Sahara restés hors champ. Pendant ce temps, Paméla Anderson convoque une conférence de presse pour dénoncer le commerce de la fourrure. Son amie Brigitte Bardot était restée chez elle, à Saint-Tropez. Elle fit une déclaration à la presse où elle se fendit de cette sentence : « Je suis pour le droit de vote des étrangers hors UE, j’y suis favorable s’ils demandent la nationalité française. » Selon la presse people, les deux femmes se sont entretenues au téléphone. Après la courte diffusion d’un reportage qui lui a mis les larmes aux yeux lors de la conférence, l’actrice s’est confiée aux caméras de « 30 millions d’amis » en tête à tête, sur son engagement bénévole. La séquence sera diffusée dans le magazine des animaux sur France 3, dimanche à 12h50. »

Troisième montage : Tentative de construction d’un récit à la fois cohérent et libre où l’imagination prend complètement son envol. La réécriture est totalement autorisée et le délire aussi. Dont acte.

« Régis est un fou. Voici des années qu’il arpente le désert comme un chameau en quête de je ne sais quel exploit bizarre. Comme dans la fable de l’homme cheval, vous savez, ce film où Robert Redford causait aux chevaux de son quartier, lui, il faisait la même chose, le Régis, mais avec des dromadaires. Et pas la peine d’aller sur Wikipédia pour voir : dromadaire c’est un chameau à une bosse pour faire vite. Car beaucoup disent chameau pour tous les quadripèdes du désert dotés d’une bosse et d’un cou long alors qu’ils ne sont pas tous pareils. Le chameau, lui, en a deux, de bosses pas de…n’ayons pas l’imagination courte ! De toute façon, qu’ils aient une bourse, euh, bosse ou deux, ils crèvent de soif, les pauv bêtes, et c’est pas la Pamela Anderson qui va les pleurer, eux. Y a pas de caméras dans le désert, pas de Carla, pas de paparazzis, aucun risque d’être pris en photo, même pas du ciel à la Yan Arthus Bertrand, vous savez, le paparazzi des panoramas divins (il s’est fait coffrer dernièrement en Patagonie que j’ai entendu sur Yahoo, allez savoir pourquoi ?)

Régis, chtarbé comme il est, a voulu tenter donc une expérience du troisième type en se privant d’eau la journée en plein soleil tapant de midi et ne boire que la nuit, comme une chauve-souris. Ce n’était pas du suicide long, c’est une technique qu’il dit. « Ainsi, l’eau ne sert qu’à ma physiologie et non à la thermorégulation de mon corps » explique-t-il. Toujours avec ses idées choulous, le Régis. Il ne changera jamais. « Thermorégulation de mon corps » ??? C’est quoi ça ? Du bambara pour handicapés du cerveau, Régis ? Quand je pense qu’il s’est tapé 4000 bornes en plein no man’s land du Sahel, déconnecté de tout, lui, le Solitaire du Sahara comme l’appelle ma mère, sans toucher ce pourquoi il a fait tout ça en me chantant comme d’habitude le même refrain : « Tu me connais, Mustapha. J’ai besoin de passer du temps dans le désert. C’est un équilibre pour moi ». Oui, c’est ça ! Et moi, parce que je glandouille dans mon canapé septentrional, je suis un déséquilibré, c’est ça ? Et, de grâce, épargne-moi tes galimatias. Dès que je le chambrais, il me sortait une de ses maximes de vieux sage targui, un truc du genre : « Quand le rêve n’est plus qu’un souvenir, le point d’eau est atteint ».

Et moi, comme un scarabée, je tiens les piliers du quartier de peur qu’il ne s’envole. On annonce du vent pour l’après-m. « Après une matinée froide et ensoleillée, le ciel se couvre dans le courant de l’après-midi. Vent de nord à nord-est modéré. » anone la voix grippée de la Miss Météo de France 3 Bourgogne. Avant d’annoncer, juste après, une conf’ de presse devinez de qui ? Devine de qui, Régis ? De ton dromadaire ? De ton charabia ? Non Monsieur. Non, pas Carla, faut pas exagérer. Mais t’es pas loin. Paméla, mon cher, Paméla Anderson en Personne, la super binbo aux lolos gonflés à l’hélium qui part en guerre contre les bonnes dames en fourrure. Dommage que tu puisses pas te connecter avec ton chèche. Pendant que toi, tu crames dans le désert, sans eau, sans espoir, sans rien, oualou, nada, elle, elle fait son show en convoquant une conférence de presse pour soit disant flinguer ceux qui tricotent leurs hamsters dès que ça caille un peu. Entre deux fausse larmes, elle a pris le temps d’appeler son alter egale frenchy, j’ai nommé Brigitte Bardot. Il paraît que l’icône est toujours cloîtrée dans sa super baraque, à Saint-Trop’. L’ancienne égérie de Godard a reçu, semble-t-il, des journalistes dans l’entre deux tours pour leur dire de bien s’occuper de sa protégée californienne. Et comme c’était les municipales en France, elle fit un speech en faveur du droit de vote pour les émigrés « à condition qu’ils demandent la nationalité française » a-t-elle précisé. On ne sait pas si elle a eu des conciliabules avec M.Brice Hortefeux. On ne sait pas s’il s’agit d’émigrés lambda ou habillés en Prada. On sait par contre que Régis est toujours coincé dans sa thébaïde caniculaire, sans eau ni caméra, pas même un petit caméscope de quoi glisser un SOS dans le zapping de Canal + en faveur des peuples d’origine sans fourrure, pas même made in China… »




5 commentaires:

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

Eh bien, pour la première fois de ma vie, j'ai participé à un atelier d'écriture.
Pourquoi ? Parce que !!!
Non, en vrai, parce qu'atelier pour moi c'est bidouillage, tripatouillage, boite à outils et foutoir organisé (en plus, mais il ne faut pas le dire, c'est là que mon père artisan, fabriquait rien que pour moi des étoiles en meulant des pièces de pompe. mais c'est une autre histoire).
Et puis, parce que écriture.
Et enfin parce que adosser l'atelier à l'écriture ou mieux adosser l'écriture à l'atelier (il faut bien admettre que sans démontage, remontage, abattage... le résultat des écrivailleries n'intéressent souvent que l'auteur (et encore, à la relecture, le susnommé peut se retrouver rouge de honte et vert de rage).
Bref, j'ai a-do-ré !!! Réussir, grâce à Mustapha à relier et lier une critique de livre, un slogan, un conseil médical et un bout de biographie...Grand moment en vérité.
Et toujours en vérité, je vous le dis : Mustapha chez qui cohabitent (sans schizophrénie apparente) le plus gentil des garçons, un écrivain convaincu de son rôle d'éveilleur, et tant d'humanité réconcilie avec le genre humain.
J'y retourne de ce pas, et sans vouloir vous commander, venez donc nous rejoindre... Vous savez, il part bientôt...

Anonyme a dit…

bonjour mustapha, c'etait un tres grand plaisir de te revoir. T'as été toujours un eclaireur pour la nouvelle generation, tes opinions, tes reflexions pour lutter contre l'obscurantisme qui sevit dans notre pays (algerie)et par ricochet le devenir de toute une generation jeunes qui en depend je te dis bravo et merci, nous avons beaucoup plus besoin d'etoiles et t'es là dans le ciel. Encore une fois merci et bravo.
Rabah Aftisse ACABM Tigzirt s/mer Algerie

Anonyme a dit…

bonjour mustapha, c'etait un tres grand plaisir de te revoir. T'as été toujours un eclaireur pour la nouvelle generation, tes opinions, tes reflexions pour lutter contre l'obscurantisme qui sevit dans notre pays (algerie)et par ricochet le devenir de toute une generation jeunes qui en depend je te dis bravo et merci, nous avons beaucoup plus besoin d'etoiles et t'es là dans le ciel. Encore une fois merci et bravo.
Rabah Aftisse ACABM Tigzirt s/mer Algerie

Anonyme a dit…

Très cher Rabah,

Pardonne-moi pour ce silence radio, j'étais un peu ailleurs ces derniers jours. Ton message m'a fait chaud au coeur. Je pourrais exactement te retourner les mêmes mots. C'est toi qui mérites tous les éloges. Ton combat est le mien. Je m'incline devant ton humilité et ton courage. Longue vie à la démocratie et à l'ACABM. Je t'embrasse et à très vite, mon frère!
Mustapha