Pari Gagné ! Mardi 25 mars 2008. 21h. Je rentre d’un vernissage absolument fabuleux de l’expo « Ligne de Mire » du duo Fred Gagné et Hervé Scavone. J’en suis encore tout remué ! Ce fut vraiment, sincèrement, grandiose ! Un pari gagné pour ce tandem artistique réuni à la faveur d’une résidence d’art qui a commencé en juillet. Frédérick est plasticien. Il est originaire du Québec et vit en France depuis 2001. Hervé, lui, est un artiste photographe qui s’est mis volontairement, dit-il, « au service du peintre ». Pourtant, on ne sent pas, en voyant les œuvres, que l’un s’est effacé en faveur de l’autre ou écrase l’autre. Au contraire, cette expo respire une parfaite harmonie, une parfaite complicité, entre les deux expressions. Les deux compères ont merveilleusement conjugué leurs talents, leurs regards, leur sensibilité, pour nous dire Chenôve, raconter autrement ses gens, ses rues, ses immeubles et ses maisons. « Notre errance dans la ville est en elle-même un geste créatif. Notre déambulation est notre premier acte artistique » écrivent-ils dans leur « manifeste » de création. Au final, ils nous offrent une palette d’images, d’ambiances, de tons et de couleurs absolument originale sur Chenôve. Un beau patchwork sur la ville et ses gens, fragments à la fois bruts et stylisés, des scènes de vie, de l’art interventionniste presque, qui a cependant le mérite de toujours transcender de quelques notes féeriques le quotidien et ses pesanteurs pour nous restituer Chenôve sous un jour tout à fait nouveau, étonnant, et pas du tout travesti pour autant. Une pellicule de magie sur un quotidien ni rose ni morose, juste humain et lumineux. Un beau mélange, du coup, entre l’humain et l’urbain, l’intime et le sublime, le trivial et le merveilleux, l’anecdotique et le somptueux. Quelle belle paire, je vous le disais bien, que celle que forment ces deux farfadets, l’un peignant avec ses coloris mêlés d’instantanés argentiques, l’autre avec de la lumière barbouillée de Réel. Et tous les deux avec leurs tripes et leur imagination. On le voit tout de suite : leur travail pue la passion. Une passion criante de Chenôve et de ses habitants, mosaïque de vies multiples qu’ils ont appris patiemment à connaître au fil de leur séjour artistique sous les auspices du Grand Ensemble. Ici, des bouts de boîtes aux lettres simulant une carcasse d’immeuble, là, des photos de Hervé transperçant les boyaux éventrés de l’immeuble Charcot, prélude à sa démolition le 17 avril. Le montage est chaque fois surprenant. Fulgurant. Singulier. Une sacrée symbiose photo-picturale, j’y insiste. J’ai beaucoup aimé la scénographie aussi. L’Espace culturel de la Bibliothèque François Mitterrand où se tient cette exposition est recouvert de féerie métallique. Les objets les plus anodins y sont disposés avec poésie, de cette poésie à la Francis Ponge, celui du Parti Pris des Choses donnant sa valeur aux trucs les plus triviaux, et trouvant matière à tout sublimer. On sort de cette installation époustouflante absolument étourdi, jetant sur les immeubles alentours et les gens, et les commerces, et les trottoirs, et les grues, un regard nouveau. Un regard tendre et plein d’enchantement. Paris gagné les gars ! J’aurai l’occasion de revenir avec plus de détails sur cette œuvre importante et le parcours de ses auteurs. L’expo se prolonge jusqu’au 12 avril. A ne rater qu’en cas de mort subite ! Mustapha Benfodil
Pensée : Je tiens à rendre un fervent hommage à cet immense journaliste qu’était Thierry Gilardi qui nous a quittés ce mardi 26 mars. Merci d’avoir fait du football un sport humain et joyeux. Merci Monsieur Gilardi !
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